VENDREDI 9 FÉVRIER - 20H45
CINÉLAC - PLOËRMEL
Tarif : 7 €
EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR ALEXANDER ABATUROV
PARADIS
Un film de Alexander ABATUROV
Russie - VOSTF - 1H28 - 2023
À l’été 2021, une vague de chaleur et une sécheresse exceptionnelle provoquent des incendies géants qui ravagent 19 millions d’hectares dans le nord-est de la Sibérie. Dans cette région, au cœur de la taïga, le village de Shologon se voile d’un épais nuage de fumée. Les cendres noires portées par le vent propagent des nouvelles alarmantes : la forêt est en feu et les flammes approchent. Abandonnés par le gouvernement, livrés à eux-mêmes, les habitants doivent s'unir pour combattre le Dragon.
Le point de vue du Groupement National des Cinémas de Recherche
Paradis a tout de l’enfer sur Terre. Dans les contrées lointaines de la Sibérie, un village résiste, encerclé par les feux de forêt. Abandonnés par le pouvoir central de Moscou qui se trouve à des milliers de kilomètres du danger, les habitants tentent de ralentir le feu. Des hommes du village, peu équipés, disparaissent dans un manteau de fumée orangée semblable à un décor de Blade Runner 2049. Au fond, le film touche au spectaculaire. On ne cesse de se demander comment font les hommes pour sortir indemnes de leur parcours, notamment lors d’une longue séquence filmée à travers le pare-brise d’un vieux tracteur qui avance au milieu des flammes, sans aucune visibilité. Le geste du réalisateur est puissant par la manière dont il nous fait pénétrer dans les entrailles de la « bête de feu ». Ces séquences spectaculaires, garanties sans effets spéciaux, alternent avec des séquences au village où les habitants guettent la menace à venir. Ils observent la fumée et le sens du vent, s’informent par la radio, les conversations WhatsApp et par les cartes en temps réel. Lorsque le maire du village et son équipe scrutent les cartes forestières, elles se métamorphosent presque en plans de tactiques militaires. Or, ici, l’ennemi est non-humain et insaisissable. La force du film réside dans le changement d’échelle qu’il opère (cartes topographiques, prises de vue aériennes par drone et prises de vue à hauteur d’homme au pied des arbres carbonisés) et qui nous fait prendre conscience de l’étau qui se resserre progressivement autour du village. Les habitants, impuissants, ne peuvent qu’attendre la pluie salvatrice qui arrive à la fin du film comme un soulagement. Le happy end n’est que provisoire et le compte à rebours continue au-delà du film, jusqu’à la catastrophe à venir.
Alice Monin – Chargée de mission – GNCR
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